Archives pour la catégorie Campagne chinoise

Le barrage de Sanmenxia

Visite du barrage de Sanmenxia (三门峡大坝), dans la province du Henan 河南, à l’ouest de Luoyang 洛阳 (été 2011)

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Construit en 1957, il a été le premier grand barrage construit sur le Fleuve Jaune. Il fait 106 mètre de haut, pour 875 m de long. Sur les photos qui suivent, on peut remarquer le faible remplissage du bassin de stockage des eaux du barrage, alors que l’été est la saison des pluies dans le nord de la Chine. En effet, le Fleuve Jaune a vu son débit baisser sérieusement depuis quelques dizaines d’années, à cause de la sécheresse mais aussi et surtout à cause d’un trop fort prélèvement de ses eaux tout au long de son cours, à la fois pour l’agriculture, pour l’industrie et la consommation des ménages. Ainsi, le niveau des nappes phréatiques baisse chaque année dans la région (comme dans beaucoup d’endroits en Chine), obligeant les paysans à creuser des puits de plus en plus profond pour avoir accès à l’eau d’irrigation… Si cela vous intéresse, voici un article à ce sujet.

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Et voici l’aval du barrage. Remarquez les petits amas rocheux au milieu du fleuve. Elles ont donné le nom à cette gorge : san men xia 三门峡 signifie « la gorge aux trois portes ». Une légende traditionnelle attribue ces trois « portes » au travail de Yu le Grand pour maîtriser les eaux. Il créa ainsi trois passages appelés la « porte des hommes », la « porte des dieux » et la « porte des fantômes ».

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Au milieu du barrage se trouve une stèle (ci-dessus) qui marque la limite entre la province du Henan 河南 et la province du Shanxi 山西 qui sont séparés à cet endroit par le fleuve Jaune. Comme dans tous les lieux touristiques chinois, les visiteurs se prennent en photo avec cette stèle, pour se souvenir de leur passage… Lire la suite Le barrage de Sanmenxia

S’acculturer ou ne pas s’acculturer

Malgré que cela fasse quelques années que je suis immergée dans la culture chinoise (lors de mes stages en Chine, mais aussi à Paris dans la communauté chinoise étudiante), il reste encore des choses auxquelles j’ai du mal à m’habituer.

Choses auxquelles je suis maintenant habituée
– la circulation désordonnée, la dureté des lits, la chaleur l’été, le confort minimum de la campagne,
– la nourriture et sa diversité (dans les grands restaurants autant qu’à la table des paysans), comment manier les baguettes, le petit déjeuner chinois (voir mes notes Petit déjeuner chinois et Petit déjeuner mongol), l’absence de produits laitiers ou de desserts dignes de ce nom,
– la façon de saluer ou de s’adresser aux gens et toute la gestuelle qui va avec. Par exemple, saluer de la tête en souriant, ne pas dire « nihao » mais « ah, tu es rentré » ou autre commentaire sur ce que la personne est en train de faire quand on arrive, ne pas dire « oui » mais un « hm » discret avec un petit signe de tête ou au contraire « shi a ! » « dui a ! » avec emphase pour acquiescer.

Choses que j’ai du mal à supporter
– le fait que les chinois parlent très fort lorsqu’ils sont en groupe (notamment au restaurant) ou au téléphone, ce qui fait qu’on a toujours l’impression qu’ils sont énervés et cela vous donne mal à la tête au bout d’une heure au restaurant.
– la saleté et la pollution de certains endroits, notamment la banlieue de Pékin ou certains villages de la campagne, où, comme au Maroc, on voit des amas de déchets dans la nature, et notamment près de points d’eau. Regardez ces canards qui pataugent dans les déchets…

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– la politesse chinoise qui veut qu’on exagère toujours les compliments faits aux gens, ce dont on a pas du tout l’habitude en France.
– l’accueil chinois des invités Lire la suite S’acculturer ou ne pas s’acculturer

Un air de Bretagne en Chine rurale

Ce matin, on vient me chercher plus tôt que l’heure normale pour manger. En effet, il y a très peu de gens le week-end donc l’horaire dépend surtout de quand les plats sont prêts. Je demande ce qu’il y a ce matin : des crèpes. Intérieurement, je me demande lesquelles, parce qu’ils font plusieurs types de 饼 (bǐng), des rondes et épaisses frites qui me rappellent le Maroc, des fines sèches un peu étouffe-chrétien, ou celles de l’université de Pékin, un peu salées avec un oeuf dessus, que j’aime beaucoup.

Bref, arrivée à la cantine, je vois que ce sont des nouvelles, que je n’ai encore jamais mangé. Elles sont assez épaisses, avec de la ciboulette. Je goûte… Ca me rappelle quelque chose, mais sans savoir l’identifier. Je demande avec quelle farine elles sont faites, on me répond « farine de… sarrasin ! ». Mais oui, ce goût me rappelle les crèpes bretonnes ! Je leur dit qu’on fait aussi des crèpes au sarrasin dans une région de France, et ils ont l’air intéressés.

Vous allez vous dire : mais comment se fait-il que je connaisse le mot « sarrasin » en chinois ? Eh bien, ici les gens mangent pas mal de sarrasin, soit les grains mélangés avec le riz, soit en faisant des nouilles avec. A force de ne pas savoir ce que signifiait le mot répété X fois, j’avais cherché dans le dictionnaire… Tout s’explique.

Pour ceux qui ne savent pas à quoi ressemble le sarrasin (qui n’est pas une céréale, contrairement à ce qu’on pourrait penser, plus d’infos ici), en voici les graines :

Bref, ça fait un drôle d’effet de manger des crèpes au sarrasin en plein milieu de nulle part en Chine. Comme quoi, il faut s’attendre à tout !

Chifeng – Mai 2009

Les raviolis-surprise…

Cela fait déjà deux ou trois fois que je tombe dessus alors maintenant, quand on me sert des raviolis, je me méfie, je demande à quoi ils sont d’abord… Mais pourquoi ? Comment pourrait-on faire des raviolis immangeables ?

Eh bien, il suffit de faire des raviolis à la viande, mais sans enlever les os ! C’est apparemment une recette de la région, raviolis vapeur au mouton… La première fois, j’ai cru qu’ils avaient oublié un os, mais en fait, c’est vraiment fait exprès. Je savais que les chinois aimaient manger la viande coupée en morceaux avec beaucoup d’os pour grignoter autour, mais de là à en mettre à l’intérieur des raviolis, c’est vraiment du gâchis !

Conclusion : ne jamais se fier aux apparences, un plat que vous avec l’habitude de manger depuis des années peut se transformer en calvaire (vous aviez dit que vous adoriez les raviolis chinois, il faut en manger maintenant !).

Personnellement, j’ai abandonné la viande et ne mange que la pâte autour, mais c’est un peu dommage…

Des souffleurs pour célébrer les morts

Samedi 4 avril est la fête Qingming Jie (清明节) en Chine, soit l’équivalent de notre Toussaint. Tous les gens rentrent chez eux (ceux qui ne travaillent pas trop loin) pour allumer un petit feu en mémoire des morts de la famille. J’ai pu voir les gens du gouvernement préparer des « souffleurs » utilisés pour contrôler les feux en cas de vent fort. Apparemment il n’y a pas eu de problème puisque je n’ai pas entendu les pompiers cette fois.

Vérification des souffleurs la veille de la fête
Vérification des souffleurs la veille de la fête

A l’occasion de cette fête, les gens de l’administration ont 4 jours de vacances, de samedi à mardi. Le secrétaire du parti en a profité pour m’inviter à voir sa famille à Jinshan. J’avais déjà eu un aperçu de cette petite ville le premier jour de mon arrivée lorsque je suis allée m’enregistrer au bureau de la sécurité, mais je n’avais pas eu le temps de visiter. Cette fois, j’ai pris plus de temps.

Manque de communication, quand tu nous tiens…

Je commence peu à peu à comprendre le contexte qui m’a fait atterrir dans le village où je suis maintenant. J’ai été envoyée par le groupe gouvernemental d’aide à la pauvreté (扶贫开发领导小组), ça je savais. Mais je ne travaille pas avec eux, ils m’ont simplement envoyée dans un village pour que je fasse mon travail de terrain là-bas (ce qui explique que personne ne m’encadre, mais c’est mieux pour mon travail).

Comme je suis étrangère (= VIP), ils m’ont donc envoyée dans une zone où l’agriculture est bien développée : une zone de plaine assez large, avec de nombreux puits d’irrigation construits par le gouvernement. Manque de chance, je suis payée par l’INRA et le CIRAD pour étudier… l’élevage pastoral ! J’avais pourtant observé la région avant d’arriver sur le terrain, c’était une zone de moyenne montagne avec beaucoup d’anciens pâturages en altitude. Ils ont réussi à m’envoyer dans la seule micro-région de plaine du district !

Après l’étude de la géorgaphie de la région, j’ai quand même pu voir qu’un tiers de la surface du village se trouve en zone montagneuse. C’était en fait un autre village jusqu’à 2005, mais ils ont fusionnés (sûrement face à la faible population et la pauvreté des gens vivant dans les montagnes). J’ai donc réussi à négocier d’aller faire mon étude dans une de ces zones, mais située à 20 km du centre du gouvernement où j’habite ! Il est donc pas question de me balader en vélo pour enquêter les paysans… J’ai aussi pas trop le choix des horaires de travail, il n’y a qu’un bus le matin pour y aller (7h30) et un bus le soir pour revenir (16h). Comme il n’y a pas de restaurant là-bas, je mange à l’école primaire, avec les instituteurs. J’ai réussi à négocier cet accueil en échange d’une heure de cours par semaine aux élèves de l’école (anglais, français, culture française, je peux leur apprendre ce que je veux, on verra finalement ce qui les intéresse).

Pendant mes déplacements, je suis accompagnée d’une étudiante qui travaille au bureau de l’administration du gouvernement local en même temps qu’elle fait sa thèse. C’est beaucoup mieux qu’au départ où j’avais des personnes différentes tous les jours, et qui ne comprenaient pas vraiment pourquoi je posais tant de questions… Apparemment, elle préfère aussi largement m’accompagner plutôt que travailler dans son bureau !

Voilà mon accompagnatrice attitrée
Voilà mon accompagnatrice attitrée

Bref, pour l’instant tout se passe bien, même si j’ai pris du retard dans mon travail du fait :
– de la non disponibilité des gens (une semaine de conférences et réunions où tout le monde devait assister, donc personne pour m’accompagner),
– de la neige (deux jours sans bus partant pour le village car le col était bloqué par la neige),
– de l’incompréhension du but de mon travail (deux jours par semaine sur le terrain, ça suffit, non ?).

Mais j’ai enfin trouvé à qui m’adresser en cas de problème : tout simplement le secrétaire du parti (n°1) du village. Il peut tout faire, et a même envoyé son propre chauffeur pour me chercher un jour où le bus est passé 1/2h plus tôt que la normale… En échange de cet accueil ? Le devoir de participer aux grands dîners quand il y a des gens importants (ou pas) qui viennent visiter le village. Y’a quand même pas souvent d’étrangers qui viennent dans la région, alors faut me montrer à tout le monde !

Réveil glaçant…

Avez-vous déjà vu de la glace sur vos fenêtres au réveil ?

Je connaissais la buée mais là il y a une bonne épaisseur de glace qui empêche de voir à l’extérieur. Je n’ose pas imaginer la température… A l’intérieur, il fait bon, mais je vais partir faire de la lecture de paysage ce matin, j’espère qu’il n’y aura pas autant de vent qu’hier.

J’avais oublié de préciser, les toilettes et douches sont collectives. On m’a aussi annoncé que pour causes de réparations, les douches ne seront utilisables que dans 3-4 jours ! Heureusement, c’est pas avec cette température que je vais transpirer…

Matin, midi et soir, tous les employés mangent à la « cantine » collective, qui ressemble pour moi plus à un restaurant. Hier soir, nous étions 5, pour 3 plats (et toujours le bol de millet, plus la soupe de cuisson du millet), c’était beaucoup plus agréable que le banquet : calme dans la salle et discussions intéressantes.

Comme ils ont peur que je ne supporte pas la nourriture, ils m’ont dit que si je veux, je peux aller en cuisine et faire moi-même ce que je veux manger. On verra si j’ose…

Petit-déjeuner mongol

Ce matin, nous étions toujours à Jinshan. En sortant de l’hôtel, je vois qu’il fait -11°C ! Heureusement, il y a du chauffage, on ne s’en rend pas compte si l’on ne reste pas dehors plus de 20 secondes.

Puis direction un restaurant apparemment connu dans la région. On nous commande un petit-déjeuner typiquement mongol :
– un grand bol de thé au lait (avec épices et viande, à la fois sucré et salé) au milieu de la table (tournante)
– des beignets frits (qui me rappelle nos croissants… étonnant)
– du millet grillé mélangé à de la crême et du sucre
– des légumes salés et pains vapeur (mais ça, c’est chinois)
Pas mauvais du tout, ça fait du bien de manger sucré le matin (contrairement au petit-déjeuner chinois…).

Thé au lait, millet grillé à la crème et... baozi !
Thé au lait, millet grillé à la crème et… baozi !

On reconnait bien une alimentation basée sur des produits animaux, ce qui est logique pour des éleveurs nomades. Le millet semble aussi être la céréale locale, puisque le midi et le soir, on nous a servi un bol de millet au lieu du traditionnel bol de riz. Ce millet cuit dans l’eau me donne vraiment l’impression de manger du couscous (même taille, même couleur).

Autre spécialité de la région : fondue mongole au canard.
Pour les non initiés, la fondue mongole est un grand récipient d’eau bouillante épicée, à laquelle on ajoute de la viande (mouton, boeuf, etc.) et des légumes (choux chinois, champignons, feuilles d’épinard, etc.) au fur et à mesure que l’on mange.

Mais où ai-je atterri ?

Après le petit déjeuner, me voilà donc partie vers mon lieu de stage. On traverse des montagnes et vallées, le paysage est très beau et me rappelle le Maroc, avec les reboisements et les cultures en terrasse. Je suis contente d’être de retour en montagne, mais on redescent pour arriver au village, dans une large vallée. Je suis un peu déçue…

Toujours conduits par le « maire » du village, on arrive dans les locaux du gouvernement (communiste) local. C’est là que je vais habiter, à deux portes de bureau du maire. Apparemment, j’y serai en sécurité. La chambre fait environ 15m², avec un lit, un bureau, deux chaises et une télé. Ces chambres sont en fait des bureaux-chambres pour les employés. Ca me va très bien : il y a Internet (je n’y croiyais pas en allant dans un coin si reculé de la Chine)…

Je suis rassurée car je vais bien pouvoir aller où je veux, poser les questions que je veux (en rapport avec mon stage), mais toujours accompagnée, pour m’aider à comprendre ce que les paysans diront, et pour ma sécurité. Le problème, c’est que je ne peux même pas sortir seule dans la rue principale pour acheter quelque chose… C’est un peu exagéré ! C’est pas si dangereux que ça. Enfin, je vais pas être contrariante dès le premier jour, j’espère que ça s’adouciera un peu avec le temps…

Je pars demain pour un premier aperçu de la zone. Ca risque d’être intéressant…